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| La traque | |
| | Auteur | Message |
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Suyana bavard
Nombre de messages : 146 Date d'inscription : 13/08/2005
| Sujet: La traque Sam 10 Sep à 12:43 | |
| Une empreinte dans la boue. Grande pointure. Un homme sans aucun doute. Une trace nette. Des bottes de qualité supérieure. Donc un homme fortuné. Des bottes cloutées en plus. C’était forcément eux ! Personne n’oserait sortir ainsi vêtu à part eux.
Enfin une piste. Cela faisait des jours que le sol était trop sec pour y voir quoi que ce soit. Le mauvais temps jouait enfin en sa faveur. De toute évidence ils avaient pris la direction des grandes montagnes de l’Est. Ils ne devaient pas avoir plus de 3 ou 4 jours d’avance si ils avaient continué dans cette direction. Elle pourrait vite les rattraper si ils n’avançaient pas trop vite, et si elle ne perdait pas encore leurs traces. Ça lui avait fait perdre une semaine la dernière fois qu’elle s’était écartée de leur route. Tout ça à cause de ce sol trop sec. Et maintenant voilà qu’il pleuvait à verse. Suyana aurait bien voulu continuer sa traque, mais le temps ne le permettait vraiment pas. Et même si la rage brûlait encore en elle, la jeune fille savait qu’il ne serait pas raisonnable de poursuivre son chemin. La route serait très dangereuse par ce temps, et elle risquait en plus de reperdre sa piste. Ce qu’elle ne pouvait en aucun cas se permettre.
Elle s’éloigna donc du chemin et gagna la falaise qui bordait la route. Elle l’escalada jusqu’à trouver une cavité suffisamment en hauteur pour la protéger de la pluie et des monstres.
Ainsi blottie contre la paroi, avec un petit feu pour la réchauffer, Suyana se laissa aller dans ses souvenirs. Ce dernier mois avait été une poursuite infernale sans repos. Tout ça à cause d’eux. Pourquoi avait-il fallu qu’ils passent par là ? Petit à petit elle remontait dans ses souvenirs. De plus en plus loin. Jusqu’à ce triste jour où sa traque a commencé…
C’était arrivé à la fin de l’hiver. Suyana était à l’école ce jour là. Elle s’acharnait sur son bâton, tentant désespérément de réaliser un éclair pourfendeur. Mais l’œil désapprobateur de son maître suffisait largement à lui faire comprendre qu’elle n’était pas au point. De toute façon la jeune fille n’était pas douée avec les armes. Elle n’aimait pas ça. Elle ne voulait pas être un guerrier tueur de personnes. Elle préfèrerait devenir guérisseur, comme son père. Elle continua malgré tout ses exercices, redoutant une punition si elle s’arrêtait.
Soudain le tonnerre envahit la cour de l’école. Un cavalier lancé au grand galop slaloma entre les élèves qui s’entraînaient là, manquant de peu de les renverser. A peine arrêté, le messager sauta à terre, et courut rejoindre le professeur. Un malheur avait du arriver quelque part, sinon pourquoi serait-il aussi pressé ? Tout en battant distraitement l’air de son bâton, Suyana tendit l’oreille pour écouter la conversation. Ses oreilles d’elfe n’étaient pas encore au point pour entendre les bruits lointains, mais elle perçut malgré tout quelques bribes de phrases. Le dialogue était manifestement agité. L’homme semblait épouvanté. Suyana surprit son nom dans la conversation, et s’aperçut que les deux hommes lui jetaient des coups d’œil de biais. Le malheur la concernait ! Sa mère était-elle tombée malade ? Impossible, son père était le meilleur soigneur au monde, il l’aurait guérie. Mais alors quoi ? Quoi ? Ne tenant plus, Suyana choisit de braver la colère du maître en allant le voir, plutôt que de rester à brasser de l’air. Elle eut à peine le temps d’abaisser son bâton que les deux hommes se dirigeaient déjà vers elle. Ce fut son maître qui prit la parole. Suyana l’écouta, appréhendant par avance ce qu’elle allait entendre.
- Suyana, tu as sans doute déjà entendu parlé des SOLM, je suppose…
Oui, oui. Bien sûr qu’elle en avait déjà entendu parlé de temps en temps. L’étude de ce clan de guerriers sanguinaires était au programme cette année.
- Ces terribles guerriers ont été signalés dans la vallée du Nord il y a peu de temps.
Oh mon dieu ! Ce n’était pas loin de la Vallée. Le messager venait certainement la prévenir que ses parents avaient du fuir vers l’Est, et qu’ils l’attendaient. Voilà tout. - Suyana… Ils ont traversé la Vallée ce matin même, passant par le village Douran. Tu sais ce qu’ils font dans ces cas là. Ils ont tout détruit ou brûlé. Ils ont massacré tous ceux qui se sont trouvés sur leur chemin.
Suyana n’écoutait plus. Son sang s’était figé dans ses veines. Son cœur ne battait plus. Incapable de faire le moindre mouvement, elle ne put poser la question qui lui brûlait les lèvres. Et ses parents ? - Suyana… Il n’y a pas de survivant. Je suis désolé.
La jeune fille pâlit. Ses jambes se dérobèrent sous elle. Tout devint noir. Et elle s’évanouit.
Lorsqu’elle reprit connaissance, elle était allongée dans son lit. Il faisait nuit dehors. Les larmes lui vinrent aux yeux. Et soudain la voix de sa mère résonna dans sa tête. Un souvenir… Suyana, écoute attentivement ce que je vais te dire. C’est une très ancienne légende. Autrefois un tigre gris parcourait la terre, répandant la vie. Comme symbole de son passage, il laissa une pierre, l’œil du tigre, qui continua son œuvre après le départ de l’animal sacré. Cette pierre est devenue l’emblème de notre famille. Jamais elle ne doit tomber entre de mauvaises mains. Sinon la colère du tigre s’abattrait sur nous et le déshonneur frapperait toute notre lignée. Pour que cela n’arrive jamais, on a assigné un gardien à cette pierre. Regarde Suyana, voici l’œil du tigre. Je ne le quitte jamais afin de toujours savoir où il est. Et un jour, ce sera à toi de le protéger… Protège l’œil du tigre… Sinon le déshonneur…. - Maman !
Suyana se redressa d’un bond dans son lit, en sueur. Un rêve ? Non. C’était vraiment un souvenir qui datait de sa toute petite enfance. Son visage se figea. Qu’était devenue la pierre après l’attaque ? Sa mère l’avait-elle toujours sur elle, ou bien les assassins l’avaient-ils dérobée ? Elle devait vérifier. Après tout, c’était elle la gardienne de la pierre à présent. Mais comment sortir ? Jamais elle n’arriverait à convaincre son professeur de la véracité de son histoire. Tant pis, elle partirait sans permission. Elle ouvrit la fenêtre. Hum trop haut. Trop risqué de sauter. Se concentrant autant qu’elle le pouvait, Suyana réunit sa magie pour lancer un sort de lévitation. Ce fut dur car le sort requérait beaucoup de force. Mais tant pis. Elle « emprunterait » un cheval pour descendre jusqu’au village. Elle atterrit donc en douceur sur le sol, et se faufila jusqu’aux écuries. Le bel hongre du maître leva la tête à son passage. Il était le cheval le plus rapide de l’école. Parfait. Non sans lui avoir demandé si il voulait bien l’accompagner dans sa ballade nocturne, Suyana sella sa monture. Et tous deux s’élancèrent dans la nuit.
Ils galopèrent ainsi pendant deux bonnes heures, et ne ralentirent qu’en apercevant les ruines encore fumantes de ce qui avait été son village natal. La jeune fille mit pied à terre, et ordonna au cheval de retourner à l’école. Elle allait déjà se faire disputer pour sa fugue. Inutile qu’on l’accuse de vol en plus. Seule, elle s’engagea dans les décombres. Elle découvrit ses parents en travers de la rue. Visiblement ils étaient décidés à défendre leur demeure. Son père se tenait en avant de sa mère. Il avait probablement voulu la protéger. Sentant les larmes revenir, Suyana se focalisa sur sa mission. Elle glissa la main dans la poche intérieure de la veste de sa mère. Rien. Elle était vide. Du calme. Elle avait peut être simplement roulé sur le côté. A tâtons, elle chercha sur le sol. Rien une fois encore. Dans son esprit une voix s’éleva : - La cupidité des hommes est sans fin. Si l’œil n’est pas repris aux hommes de sang avant la fin de l’an, ma malédiction frappera les faibles indignes de ma confiance.
Des hommes de sang… Il s’agissait forcément des SOLM. Suyana savait ce qu’elle devait faire. Ce fut à pied et la mort dans l’âme qu’elle partit sur leurs traces. Ce fut ainsi que sa traque commença. | |
| | | Suyana bavard
Nombre de messages : 146 Date d'inscription : 13/08/2005
| Sujet: Re: La traque Mar 13 Sep à 9:15 | |
| Cela faisait un mois qu’elle était partie, comme ça. Mal organisée, elle n’était pas allée bien loin de son point de départ malgré la période écoulée. Elle avait tourné en rond à la recherche de traces à suivre, pensant sottement que les guerriers auraient laissé une piste évidente derrière eux. Elle s’était précipitée dans chaque village où des rumeurs sur des pillards l’entraînaient. Tout ça en vain. Jusqu’à ce soir. Pour une fois les ragots ne s’étaient pas trompés. Il ne restait plus qu’à les rattraper et à…. Hum. Plus facile à dire qu’à faire. Et encore. Son cœur se serrait à la seule idée de devoir affronter de tels adversaires. Elle n’avait encore quasiment jamais combattu, à part les quelques petits monstres qu’elle avait croisés. Mais rien de bien dangereux. Suyana s’enveloppa de sa cape. Elle devait dormir. Demain elle partirait à l’aube. Sur ce elle sombra dans un sommeil sans rêve jusqu’au matin.
A son réveil la pluie avait cessé. Elle ramassa sa bourse et son épée, et sauta au bas des rochers en souplesse. Des buissons de baies fleurissaient au pied de la falaise. Comme son estomac gargouillait, elle se laissa tenter, et s’accorda une pause déjeuner. Elle profita de ce buffet providentiel pour faire quelques provisions qui lui seraient utiles pour les prochains repas. Une fois rassasiée, Suyana regagna la route à l’endroit exact où elle l’avait quitté la veille, et prit la direction des montagnes tout en cherchant de nouvelles traces indiquant la présence de sa proie.
Elle marcha d’un pas vif une bonne partie de la journée, et fut bien heureuse d’apercevoir un village à quelques kilomètres devant elle. Elle y trouverait sûrement une auberge dans laquelle elle pourrait s’arrêter manger quelque chose de consistant ; les baies du matin n’empêchant plus les tiraillements de son estomac. Au bout d’une heure, ce fut avec soulagement qu’elle gagna la rue principale. Que d’agitation ! Des gens allaient et venaient dans tous les sens. Cela faisait un bon moment qu’elle n’avait pas vu tant de personnes au même endroit. Le bruit devenait assourdissant, mais quel bonheur de retrouver la civilisation. Suyana se fondit dans la foule. Cela faisait si longtemps qu’elle ne côtoyait que monstres et bêtes sauvages, que la jeune fille ne put cacher sa joie. Enfin un environnement chaleureux. Malgré son air ébahi et ses vêtements crasseux, personne ne fit attention à elle. Une vraie colonie de chenizards, chacun ignorant son voisin, trop occupé à sa propre tâche.
Ainsi mêlée au reste du monde, personne n’aurait pu se douter de la terrible haine qui envahissait le cœur de la jeune fille. Et si un jeune homme s’attardait sur ses yeux brillants d’un vert émeraude, jamais il ne décèlerait le froid et l’obscurité de son âme. Suyana avait tout perdu. Seul désormais comptait sa mission. Sa mission et… sa vengeance. | |
| | | Suyana bavard
Nombre de messages : 146 Date d'inscription : 13/08/2005
| Sujet: Re: La traque Mer 14 Sep à 3:47 | |
| Vengeance… A l’instant où ce mot lui traversa l’esprit, son sang se glaça. Quelque chose clochait. Perdue dans ses pensées, elle ne comprit pas tout de suite de quoi il s’agissait, jusqu’à ce qu’elle se rende compte que la rue était devenue totalement silencieuse. En fait, c’était comme si toute la ville s’était tue en un instant. L’atmosphère chaude et chaleureuse avait disparue. Seul demeurait un vent froid. Suyana ne put réprimer un frisson. C’était un vent d’une froideur mortelle pourrait-on dire.
Un chien hurla à la mort lorsqu’une porte claqua violemment. Suyana sursauta et se tourna brusquement en direction du bruit. Elle était folle de rester là, elle le savait. Cours, cours, lui répétait son cerveau. Mais la jeune fille voulait savoir. Plus exactement elle voulait voir ce qui pouvait provoquer sur toute une ville et sur elle, une telle panique. Une énorme main gantée de cuir noir clouté se posa sur le chambranle de la porte en question. Une épaule massive et musclée se dessina ensuite dans la lumière du jour. Une armure brilla au soleil. Lourde apparemment. Il devait falloir une force colossale pour la porter.
Une alarme résonnait à présent en continu dans sa tête. Cours, cours ! Mais il était trop tard. Maintenant, quoiqu’elle décide, la jeune fille était incapable de bouger le moindre muscle. Elle était complètement paralysée.
Le visage émergea en dernier de la pénombre. Rude. Les traits tendus. Une balafre s’étendait en étoile sur toute la figure. Un rictus malveillant dévoilait une rangée de dents jaunies qui avaient plutôt l’air de crocs pointus. Du sang ruisselait des piques ornant son gantelet gauche. Cet homme venait de tuer quelqu’un.
L’horreur et l’épouvante frappèrent la jeune fille d’un seul coup. Pourquoi n’avait-elle pas été plus prudente ? Comment se faisait-il qu’elle n’ait pas vu de trace montrant leur présence si près d’elle ? Comment pouvait-on baisser sa garde aussi facilement ? Toutes ces questions se bousculaient dans sa tête. Elle avait fini par retrouver un des leurs, mais comment devait-elle réagir à présent ? Sans avoir livré le moindre combat, elle n’aurait déjà aucune chance d’un un duel à la loyal. Alors là, contre un guerrier sanguinaire… Car elle en était sûre, c’était bien un SOLM qui se tenait devant elle.
Le colosse s’avança dans la rue, en direction de la jeune fille. Oh mon dieu, elle allait s’évanouir, c’était sûr… Non surtout pas. Même si elle devait mourir dans quelques instants, elle ne devait pas défaillir. Pour son village, pour ses parents, pour tous ceux qui ont été assassinés par cet homme, elle se devait de ne pas détourner le regard. Elle se força donc à lever la tête et à regarder l’homme droit dans les yeux. Des yeux mauvais. Froids et cruels. Tout en luttant pour ne pas sombrer, Suyana sentait la sueur perler sur son front, et glisser le long de son visage. A chaque pas que l’homme faisait vers elle, la terre tremblait. Le monde tournait autour d’elle. Trop de tensions… Son corps ne lui obéissait déjà plus, et à présent, c’était ses sens qui l’abandonnaient.
Lorsqu’il passa à côté d’elle, la jeune fille perçut son souffle rauque. Il était en nage. Vu ses poings serrés et ses muscles tendus, il devait se retenir pour ne pas l’attaquer de toutes ses forces et la tuer. Apparemment il en tremblait d’envie. Dans ce cas, pourquoi ne le faisait-il pas ? Jamais elle n’aurait la réponse à cette question. Une intervention divine peut-être.
Ses pas résonnèrent dans la tête de la jeune fille longtemps après qu’il eut quitté la ville. La vie était revenue d’un seul coup autour d’elle. Mais pour Suyana, c’était comme si son cœur s’était arrêté de battre. Elle tomba à genoux. Incapable de penser de façon cohérente, elle errait dans un sombre brouillard. Tout n’était qu’ombre, flou et bourdonnements. Elle resta ainsi, dans cet état de quasi hypnose pendant plusieurs minutes. Ce ne fut que lorsqu’un passant pressé la heurta lourdement qu’elle reprit conscience du monde extérieur.
Encore un peu hébétée, il lui fallut encore quelques instants pour convaincre ses jambes de bouger. Puis, en titubant, elle gagna une fontaine. L’eau fraîche sur son visage acheva de la sortir de sa torpeur. Et ce qu’elle devait faire s’imposa à elle. Un SOLM venait de quitter la ville. Elle devait le suivre pour trouver le reste du clan, et ainsi savoir où se trouvait l’œil du tigre. | |
| | | Suyana bavard
Nombre de messages : 146 Date d'inscription : 13/08/2005
| Sujet: Re: La traque Mar 27 Sep à 12:05 | |
| Suyana s’élança au milieu de la foule. Elle avait perdu du temps, bêtement. Grâce à son agilité, elle n’eut aucun mal à slalomer entre les passants, et atteint le lieu où elle se tenait quelques minutes plus tôt. Et maintenant ? La foule avait effacé toute trace de pas. Comment suivre une piste qui n’existait plus ? Le sang ! Du sang gouttait le long de son armure. Il en restait sans doute suffisamment pour trouver la direction dans laquelle il était parti. Les premières tâches de sang trouvées menaient du bâtiment duquel le guerrier était sorti, jusqu’à l’endroit où il l’avait croisée. Suyana commença donc à remonter la rue dans la direction probable empruntée, à la recherche de la trace suivante. Malgré ses sens surdéveloppés d’elfe, impossible de sentir l’odeur du sang. Les effluves venant des différentes échoppes troublaient trop la jeune fille pour qu’elle parvienne à repérer quelque chose de précis dans l’air. Heureusement la coulée de sang était assez régulière pour pouvoir la suivre sans trop de difficultés.
- Sa victime a du être complètement égorgée, pensa la jeune fille en fronçant le nez.
Elle n’eut donc aucun mal à s’orienter au début. Mais peu avant la sortie de la ville, les tâches devinrent irrégulières, plus espacées, jusqu’à ce que Suyana n’en trouve plus aucune. Il avait du changer de direction et emprunter une ruelle plutôt que de sortir par la rue principale. Perdant un temps précieux, la jeune fille vérifia méthodiquement chaque ruelle. La troisième fut la bonne. Une main ensanglantée se dessinait sur le mur. Trop concentrée sur les traces au sol, elle avait raté cet énorme indice. Elle toucha l’empreinte du bout des doigts, qui furent aussitôt tâchés de rouge poisseux. Même pas sec. Parfait ! Si l’homme n’avait pas accéléré, elle le rattraperait vite.
Elle s’élança dans la ruelle. Elle était proche, elle le sentait. Son cœur battait de plus en plus fort à chaque enjambée, brûlant de rage. Assassins ! Malgré la haine qui l’envahissait, elle demeurait lucide, soucieuse de ne pas se retrouver dans la même situation que précédemment. Elle courut le long des murs, silencieuse et invisible aux yeux de tous. Au détour d’un bâtiment, elle stoppa net. Une palissade. Vu les marques faites sur le bois, l’homme avait eu du mal à la franchir avec son armure. Le fait de l’imaginer, tentant vainement de passer, fit sourire la jeune fille.
Prudente, elle s’assura qu’il n’y avait personne de l’autre côté. Puis d’un bond couple et léger, elle sauta à l’extérieur de la ville. La terre était meuble à cet endroit. Du coup les lourdes bottes du guerrier avaient laissé des empreintes bien nettes en direction de la forêt. La jeune fille gagna rapidement le couvert des arbres. Enfin un environnement familier pour une elfe. Loin du bruit assourdissant de la ville, elle allait pouvoir repérer facilement son adversaire grâce à son ouie.
Clonk clonk… Un bruit sourd, rapide. L’homme courait. Mais il était gênait par les branches basses. Tout en restant à l’écoute du moindre son, Suyana reprit sa route. Il lui fut très facile de le rattraper car les branches se soulevaient sur son passage, et les racines s’écartaient de sa route par politesse.
Avec une extrême prudence, elle se mit à suivre le SOLM.
L’homme ne semblait l’avoir ni vue, ni entendue : une chance pour une débutante dans l’art de la traque. Au bout de quelques minutes, d’autres bruits vinrent à ses oreilles. Des voix. Nombreuses. Des chocs de métal également. Elle ne s’était pas trompée. Il l’emmenait tout droit vers les autres SOLM. Les sons devenant plus forts à chaque pas, la jeune fille ralentit. Mieux valait ne pas se tenir trop près du guerrier. Elle risquerait alors de remarquer trop tard qu’elle se trouvait encerclée par tout le clan.
Ce fut au détour d’un talus qu’elle les vit. Une armée immense. Plus de cent combattants sans aucun doute. Se jetant rapidement dans un buisson, elle observa la situation. | |
| | | Suyana bavard
Nombre de messages : 146 Date d'inscription : 13/08/2005
| Sujet: Re: La traque Mer 5 Oct à 11:12 | |
| L’homme discutait avec ses compagnons, leur racontant comment il avait saigné un « vil pourceau » dans un bar. Forcée d’écouter, Suyana sentait son cœur se soulever à chaque détail sordide ajouté. Un éclat de rire gigantesque salua la fin du récit. Peut-être avaient-ils ri ainsi après avoir massacré son village. Enragée par cette pensée, la jeune fille saisit son épée, prise d’une envie soudaine de fondre sur les cinq hommes pour les faire taire. Elle tremblait déjà d’excitation à l’idée de leur passer sa lame à travers la gorge.
- Il suffit !
Surprise par ce cri surmontant le brouhaha général, Suyana se figea. Tout désir suicidaire l’avait quitté instantanément. Quelle idiote. Elle avait failli se jeter dans la gueule du loup. Elle qui était si réfléchie avant la mort de ses parents. L’esprit calmé, elle reporta son attention sur la scène. Bien qu’elle ne put le distinguer, elle comprit qu’un sixième individu venait d’arriver, et que les bruyantes manifestations de joie de ses compagnons lui déplaisaient grandement. Les grosses brutes n’osant plus prononcer un mot en sa présence, la jeune fille en déduisit qu’il devait s’agir d’un gradé. De par son rang, il était sûrement au courant de ce qu’il advenait du butin. Mais au vu de ses piteuses performances au niveau de la force, comment parviendrait-elle à lui extorquer des informations ?
Lorsque le groupe s’éloigna, la jeune fille les suivit prudemment. Si elle se montrait patiente, une occasion finirait bien par se présenter à elle. Les six hommes rejoignirent le gros de la troupe. Aussitôt des ordres de départ fusèrent de toutes parts. Les SOLM levaient le camp. Suyana s’empressa de cueillir herbes, baies et plantes qu’elle trouva dans les proches buissons. Ses ennemis ne ralentiraient sûrement pour attendre qu’elle ait fini de manger. Et les ayant enfin trouvés, il n’était pas question qu’elle les perde.
Désormais il faudrait adopter une technique de traque différente, car une arrière garde fermerait à coup sûr la marche, à bonne distance de la troupe. Et la jeune fille ne tenait pas à se retrouver prise au piège ente les deux groupes. Elle allait avoir du mal à juger la position de toutes ces personnes en même temps. Mais en comptant sur la chance et sur le fait que ses adversaires étaient trop sûrs d’eux, elle pensait y arriver sans trop de difficultés.
Lorsque tous se mirent en marche, Suyana frissonna. Une nouvelle traque venait de débuter, beaucoup plus risquée que la précédente. A présent une erreur ne lui coûterait pas que du temps, mais pourrait bien lui faire perdre la vie.
La colonie de guerriers progressait rapidement malgré les bois touffus, tranchant à grands coups de sabre les branches leur barrant le passage. A chaque douloureux craquement d’un innocent végétal, c’était comme si la forêt entière hurlait aux oreilles de la jeune fille. Ces cris se répétant à l’infini… Il y avait du en avoir autant le jour où ils avaient massacré son village, ainsi que dans tous les lieux que ce clan avait traversé. Le simple fait d’évoquer cette image suffit à raviver la haine qui rongeait son cœur. Une voix sourde résonnait dans sa tête. Vengeance. Tue, tue ! A chaque fois qu’elle l’entendait, Suyana perdait pied. Son esprit s’envolait et voguait dans une mer de sang. Le sang des assassins. Un jour ils payeraient. Dans cet état, plus rien ne comptait pour elle. Adieu prudence, adieu sûreté. Aujourd’hui le sang doit couler. Prise dans cette sorte de transe, elle accéléra le pas, se rapprochant de l’homme fermant la marche. Lorsqu’elle ne fut plus qu’à quelques mètres de lui, elle dégaina son épée dans un cliquetis métallique à peine perceptible, et la pointa vers le guerrier. Le petit espace à la base du casque. C’était là qu’il fallait frapper. Même si elle manquait de force, il n’en réchapperait pas. Brandissant son arme, elle s’apprêta à l’abattre. | |
| | | Suyana bavard
Nombre de messages : 146 Date d'inscription : 13/08/2005
| Sujet: Re: La traque Jeu 6 Oct à 2:49 | |
| Au même moment une violente douleur au visage la força à reculer et fit disparaître instantanément toute envie meurtrière. Hébétée, elle leva la tête et se rendit compte que le l’immense guerrier venait de stopper. Prise par sa folie, elle ne l’avait pas remarqué et venait de lui foncer dedans, se heurtant durement à son armure. Ne sachant que faire, elle resta un instant sur place, attendant qu’il se retourne et la découpe en morceaux. Comme il n’en fit rien, la jeune fille se précipita dans un buisson… épineux malheureusement. N’avait-il rien remarqué ? Il avait sans doute cru à une branche ou un animal. Remerciant le ciel pour son incalculable chance, elle entreprit de soigner son nez qui saignait abondamment. Une chose était certaine, les SOLM ne lésinaient pas sur l’équipement.
La troupe se dispersa. A voir leurs activités, ils étaient en train de dresser leur campement pour la nuit. A l’école on enseignait pourtant que ces mercenaires pouvaient marcher des jours durant sans s’arrêter, tellement ils étaient résistants. Aux yeux de la jeune fille, une légende venait de tomber, et cela rendait sa cible plus accessible. Finalement ils étaient plus proches des humains que des monstres invincibles sortant des récits de leurs massacres.
Après avoir localisé la place des sentinelles et s’être assurée des lieux couverts par leurs rondes, Suyana s’éloigna afin de se trouver un endroit sûr où se cacher. Ce soir elle passerait à l’action. La forêt étant le terrain de prédilection des elfes, elle ne pouvait pas rater cette occasion et risquer de se trouver le lendemain dans un terrain désavantageux pour elle. Au moment du repas ils baisseraient sûrement leur garde. Elle devrait alors en profiter pour s’introduire dans le camp et localiser la tente d’un officier. Elle en était capable. Elle en était convaincue. Pourvu que ses jambes arrêtent de trembler… Et l’attente commença. A aucun moment la jeune fille ne douta que son plan réussirait. Si elle se mettait à se poser des questions, elle échouerait à coup sûr. C’est pourquoi elle bannit le doute de son esprit.
De l’agitation. Des marmites fumantes qui traversent le campement. Des cris de joie. Et puis le bruit d’un repas chez les porcs. Le moment était venu. Lentement, Suyana se leva et se dégourdi les membres. Puis, tout en restant à couvert, elle se rapprocha des premières tentes. Finalement elle ne devait pas être si mauvaise que ça puisque personne ne la remarqua. Rassurée par ce premier succès, elle ne tarda pas à réussir le second point de son plan en trouvant une tente qui appartenait sûrement à un guerrier haut placé puisqu’elle était gardée.
Discrètement, elle se glissa jusqu’au pied d’une tente. Profitant d’une bourrasque de vent qui fit claquer les branches, elle déchira la toile et se faufila à l’intérieur. Un homme lui tournait le dos et semblait extrêmement pris par son dîner. Parfait il ne l’avait pas entendue. Maintenant il fallait agir vite avant qu’il ne sente sa présence et appelle ses hommes. Dans un parfait silence, la jeune elfe bondit sur sa proie. Ce ne fut qu’au dernier moment qu’il sentit le danger. Mais il était déjà trop tard. A peine avait-il eu le temps de tourner la tête que la jeune fille lui plantait une aiguille empoisonnée dans la nuque. L’effet fut instantané. Le colosse s’écroula au sol. Suyana n’eut que le temps de le rattraper afin de l’empêcher de s’écraser lourdement au sol et de révéler la présence d’un intrus dans le camp. Elle remercia en silence son père d’avoir eu le temps de l’initier à la guérison et aux poisons. Ce sale type allait être immobilisé pendant un long moment, juste ce qu’il faut pour qu’il ne puisse pas donner l’alerte, mais pas trop pour qu’il soit en mesure de répondre à ses questions.
Suyana se pencha sur le corps inerte, bien décidée à employer les moyens qu’il faudrait pour le faire parler. Mais lorsqu’elle croisa son regard, elle se figea, comme paralysée. Alors qu’elle s’attendait à voir dans ses yeux une lueur de peur, ou même ne serait-ce qu’un peu d’incompréhension, l’homme semblait au contraire rire en son fort intérieur, et se moquer d’elle. Etait-il si confiant dans sa résistance ? N’avait-il pas peur qu’elle ne le tue ? Ou alors… L’idée n’eut que le temps de lui traverser l’esprit, qu’elle gisait déjà à terre, inconsciente. Avant de sombrer, elle murmura :
- Seigneur, comment ai-je pu être aussi stupide… | |
| | | Suyana bavard
Nombre de messages : 146 Date d'inscription : 13/08/2005
| Sujet: Re: La traque Ven 7 Oct à 7:25 | |
| Lorsqu’elle reprit connaissance, elle fut d’abord étonnée d’être toujours en vie. Pourquoi des tueurs sans pitié l’auraient-ils épargnée ? Jugeant préférable de faire croire qu’elle était toujours évanouie, elle se garda d’ouvrir les yeux, et resta dans cette position si inconfortable, allongée sur le sol, les mains liées dans le dos. Un grand débat semblait être en cours sur son sort. Apparemment la majorité souhaitait la garder en vie pour connaître la raison de sa présence ici. Mais une fois qu’ils auraient eu leur réponse, son devenir ne faisait plus trop de doute.
Un seau d’eau glacée sur le visage et une main puissante qui la souleva de terre par le col lui firent ouvrir les yeux. Le géant qui la tenait sembla se réjouir de la peur qu’il y vit. Inutile d’essayer de le leur cacher car elle s’en sentait incapable, elle était morte de peur. Lui projetant son haleine fétide au visage, l’homme posa sa première question.
-Tu sais qui nous sommes ?
Incapable de parler, la jeune fille ne put que hocher la tête.
- Que fais-tu ici ?
Son ton indiquait clairement qu’une réponse du genre « je me suis perdue en me promenant » ne conviendrait pas du tout, et ne ferait qu’aggraver la situation. Aussi Suyana décida de jouer franc jeu et leur raconta son parcours depuis la mort de ses parents. Elle leur parla également de la pierre qu’elle cherchait. Ses propos ravivèrent en elle de douloureux souvenirs. Se perdre dans la colère… Tout oublier… Et sous le coup de l’émotion elle ajouta une terrible phrase.
- Pour accomplir mon devoir et venger les miens, je vous tuerai tous. La seconde d’après elle regrettait déjà ces mots. Mais il était trop tard. Un fou rire général venait de s’emparer de l’assemblée. Un homme s’approcha d’elle et brisa ses liens. Puis elle fut jetée à terre. Un couteau vint se planter à ses pieds.
- Tu veux nous tuer ? Et bien voici ta chance. Bats toi pour ton honneur… et pour ta vie car je ne te ferai pas de cadeau.
Suyana resta sur le sol, paralysée. Elle imaginait sons problème l’arme de son adversaire couverte de son propre sang. Jamais elle ne serait de taille. Et même si par miracle elle le tuait, un autre de ces assassins s’occuperait de l’achever. Mais pour l’honneur de ses parents qui s’étaient toujours battus, elle ne pouvait pas mourir ainsi, sans avoir esquissé le moindre geste. Les larmes aux yeux, elle ramassa l’arme et se leva, tremblant de tous membres. Je vous tuerai tous ! Comment avait-elle pu, ne serait-ce qu’une seconde, croire à ce qu’elle disait. Aujourd’hui elle le savait, elle allait mourir.
L’affrontement ne dura que le temps de brèves sensations. Du métal froid qui s’enfonce dans la chair. Un craquement d’os. Le goût amer du sang dans la bouche. Le sang poisseux qui tache les vêtements. La vie qui s’écoule lentement hors de son corps. Un visage qui se penche vers elle.
- C’est ça que tu cherchais ?
D’un geste désespéré, la jeune fille tendit la main pour attraper la précieuse pierre. Dans un crachat de sang elle murmura :
- Rendez la moi… Je vous en prie…
C’était tout ce qu’elle pouvait faire à présent, supplier. Mais le guerrier laissa tomber l’œil du tigre par terre et le fit éclater avec sa botte, avant de s’éloigner avec ses hommes dans un tonnerre de rire. A l’instant où la pierre se brisait, quelque chose se rompait aussi en Suyana. Malgré sa vue qui se brouillait, elle vit parfaitement le tigre blanc qui s’avançait vers elle.
- Je vous maudis, toi et ta descendance. Que le déshonneur et le tourment frappent ceux qui ne savent protéger ce qu’on leur confie. Puisse ma colère te brûler les entrailles jusqu’à la fin des temps.
Sa malédiction prononcée, il disparut comme par enchantement. Avec le peu de force qu’il lui restait, Suyana pleura. Elle ne pourrait vivre ainsi et faire supporter ses erreurs à ses enfants. Elle n’avait pas d’autre choix. Seul son sang apaiserait la colère du tigre. Aussi au lieu de se soigner, elle laissa la vie s’en aller.
- Puissent les esprits des terres argentées avoir pitié de mon âme et me pardonner mes péchés…
Lentement elle ferma les yeux, goûtant une dernière fois aux pâles rayons du soleil qui filtraient déjà entre les arbres.
Elle fut la première étonnée quand la sensation d’une douce chaleur qui coulait en elle lui fit ouvrir les yeux. Cette chaleur provenait des mains d’un homme qui la soignait à l’aide d’un sort. Elle aurait voulu protester, lui dire de la laisser, mais aucun son ne sortit de sa gorge. Cependant il dut deviner ses pensées car il dit :
-J’ignore tout de ton passé. Mais il n’y a aucune dette qui mérite d’être payée de sa vie. Chaque existence est précieuse et il faut la conserver.
Il sourit avant d’ajouter :
- Repose toi pendant quelques jours, et après tu seras complètement rétablie. Promets le... Bien, je vais te laisser. D’autres personnes ont besoin de mes services.
De ce guérisseur, Suyana ne garda dans ces souvenirs que le nom, ImhOtep. Son attitude lui faisait penser à son père. Oui elle devait vivre, ainsi elle pourrait aider les autres comme elle l’avait toujours voulu. Au plus profond d’elle-même, elle enfouit la colère du tigre. Plusjamais il ne viendrait la tourmenter. Désormais elle était libre.
Mais au fond d’elle elle le sentait. Le tigre ne faisait que dormir. Bien qu’au premier abord, on aurait pu la trouver aussi gentille qu’un ange, la nuit avant d’aller se coucher, la jeune fille ne pouvait s’empêcher de prier.
- Puisse la colère de l’ange ne jamais se réveiller… | |
| | | Suyana bavard
Nombre de messages : 146 Date d'inscription : 13/08/2005
| Sujet: Re: La traque Lun 7 Nov à 9:30 | |
| Pendant plusieurs années, Suyana parcourut ainsi ce qui pour elle était déjà un vaste monde. Elle profita du ciel, des forêts, et de toute la nature qui l’entouraient, choses qu’elle n’avait pas su apprécier durant sa traque. Au fil du temps, les rencontres s’accumulèrent, bonnes ou mauvaises. La jeune fille fit aussi la connaissance de précieux amis qui partagèrent sa route. Elle soigna, combattit, mais jamais ne tua. C’est ainsi qu’au plus profond d’elle-même, la colère du tigre finit par disparaître. Et comme tout chose qui s’estompe, elle finit par oublier son existence, et trouva enfin une certaine paix intérieure.
Malheureusement une malédiction ne s’éteint pas comme ça. Et vint un jour où le tigre recommença à bouger.
La vie de la jeune fille s’était enfin stabilisée. Finies les errances, finis les doutes. Au sein de la guilde de Fantasia, elle avait trouvé une famille pour la soutenir. Une seconde vie. Au comble du bonheur, son cœur connaissait simultanément les tourments de l’amour. Amour qu’elle n’osait avouer. Est-ce cette retenue supplémentaire qui fut le déclencheur ? Trop de choses à cacher… Nul ne le sait. Une chose est certaine, c’est à cette période que tout a commencé.
Trop inquiète pour son bien aimé qui partait mener une guerre contre les assassins et autres vils bandits, Suyana tenut à l’accompagner, bien que cela fut contre sa nature. Ce genre de scènes lui rappelant trop le massacre de ses parents. Néanmoins elle espérait ainsi ne pas être éloignée de lui, et priait pour qu’en cas de problèmes, elle soit capable de le protéger. Durant ces quelques jours, beaucoup de sang fut versé. Par elle, par lui, par d’autres, le sien, celui des autres, et tant encore. Si au départ elle comptait surtout rester en arrière, au fil du temps son attitude changea. La vue et l’odeur du sang s’infiltrèrent en elle, plongèrent en son fort intérieur et devinrent son quotidien. Ce goût que l’on ne peut pas oublier. Une fois qu’on y a goûté, on en redemande, c’est toujours comme ça avec les bonnes choses. Rien que l’odeur est enivrante.
Une paupière se soulève doucement.
Cette fois c’est elle qui a été frappée. La douleur. Le métal froid qui transperce la chaire. Le chaud liquide qui s’écoule. L’envie de vengeance… Vengeance… Un mot qui résonne avec une certaine familiarité aux oreilles de la jeune fille. C’est l’envie de faire couler du sang.
Lentement un œil s’ouvre. Une narine frémit.
Une attaque bien placée, mais la victime a survécu. Dommage semble gronder son inconscient.
Dans l’obscurité de son âme, une ombre bouge. Elle hume l’odeur alentour. - Huummmm. Que de souvenirs… Mais ma colère n’est pas apaisée. L’infidèle doit payer.
Au fond d’elle-même, Suyana sent quelque chose bouger sans toutefois savoir ce que c’est. Elle sent cependant que son comportement a changé. D’instinct elle repense à cette triste période de son histoire. Mais bien vite cette image s’éloigne car en l’instant présent, seul son amour secret a de la valeur à ses yeux.
Un grognement. Le tigre dévoile ses babines. - Bats toi te dis-je. Bats toi pour payer ta dette.
Mais la jeune fille n’eut pas plus l’occasion d’écouter cette voix qui doucement s’imposait à elle. Tous quittèrent les lieux peu après. Loin du sang, loin des cris. Ici tout parait plus calme…
A contrecoeur, le tigre se recouche. Ni sa colère, ni sa faim ne seront apaisées aujourd’hui. Cependant il est à présent aux aguets, prêt à saisir la moindre occasion pour renaitre et imposer sa volonté. | |
| | | Suyana bavard
Nombre de messages : 146 Date d'inscription : 13/08/2005
| Sujet: Re: La traque Mer 11 Jan à 13:28 | |
| Les jours suivant, ni bataille, ni colère n’occupèrent le cœur de Suyana. Seul son bien aimé envahissait tout son esprit. Surtout que celui-ci partageait l’amour qu’elle lui portait. Son bonheur était total. A ses côtés, la jeune fille oubliait tout le reste. Dans cet environnement paisible, elle reprit une vie normale et ne pensa plus du tout au raid qui avait été livré, ni à ce qu’elle avait ressenti ces jours là.
Mais l’inactivité lui pesait et il fallait bien reprendre la chasse à un moment. Et avec la chasse vient le sang. Au fil des jours, Suyana ne pouvait plus ignorer ce qu’il se passait en elle. Quelque chose bougeait, elle en avait la certitude. Mais quoi ? Tant que cette manifestation inconnue ne semblait pas gênante, la jeune fille décida donc de ne pas y prêter attention, tout simplement. Les jours s’écoulaient donc, partagés entre les bras de son bien aimé et sa chasse aux monstres. Malheureusement quand la routine s’installe, le destin fait tout pour la bouleverser.
Suyana rentrait d’une promenade ce jour là. Fatiguée, elle pensait que pourvoir passer tranquillement la soirée dans son lit. Et l’idée que peut-être Sun Ce serait présent ce soir là suffisait à la maintenir de bonne humeur. Mais soudain elle le vit, à la croisée d’un chemin. Un parfait inconnu gisait là. Il semblait être encore en vie malgré les plaies qui semblaient plus nombreuses que les parties de peau intactes. Son sang coulant à flots imbibait le sol tout autour de lui. Au fond d’elle-même, la jeune fille savait qu’elle devrait le soigner. Cependant elle arrêta de marcher. Pendant un instant son regard se fit aussi froid que la glace. Lentement sa main se porta sur son épée. Il lui serait si facile de mettre fin à sa vie. Après tout, il était là, mourant. Abréger ses souffrances. Prendre sa vie. Baigner sa lame dans son sang… Elle tenait à présent son arme tout près du visage de l’inconnu. Au moment où elle s’apprêtait à accomplir le geste fatidique, sa respiration devint haletante. La panique la gagna, et elle trouva la force de reculer, mais pas celle de soigner. Ce jour là, elle s’enfuit, abandonnant un innocent à une mort lente et douloureuse.
Lorsqu’elle atteignit la forteresse, elle courut jusqu’à sa chambre et se jeta sur son lit en sanglotant.
- Seigneur, non… Pourquoi… Pourquoi est-il réveillé ?
Impossible de nier l’évidence à présent. Le tigre était bien là à ses côtés, toujours aussi assoiffé de sang. | |
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| Sujet: Re: La traque | |
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| | | | La traque | |
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