Chapitre 1
Au commencement était le néant...Mouai...J'aimerais bien voir ça, avec tous les cons qui peuple ce monde, c'est à croire qu'il n'y a pas une minute où ils n'ont pas été là. Mais bon, je pourrai jamais les faire disparaître.
Je me lève, douloureusement. Mes côtes me font mal, tout comme mon estomac et ma mâchoire. J'ai quelques écailles manquantes et une barre en travers du crâne, la gueule pâteuse et la queue ramollie.
J'aimerai être humain juste pour dire ça un jour...Je ne me souviens même pas comment je suis arrivé dans cette chambre. Tout s'est enchaîné bien vite hier soir et j'avais probablement plus d'alcool que de sang dans les veines. Celà-dit, je pense pas être le plus mal en point, à voir les lambeaux de peau encore accrochés à mes griffes.
Je ne sais pas qui étaient mais adversaires, ni ce qu'ils étaient, mais je suis à peu près sûr que c'était de vraies femmelettes pour que j'en sorte en si bon état.
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Apres avoir enfilé ma robe pourpre, en bonne tarlouze qui se respecte, je descend dans la salle commune afin de payer et m'en aller de cet auberge qui m'a attiré probablement bien des ennuis. Une fois en bas, je comprend pourquoi j'ai si bien franchit cette bataille. La pièce est en désordre, pour ne pas dire complêtement détruite. Les poutres aux plafond et les piliers de soutellement sont noircis par une flamme dont je croit connaitre l'origine.
Je jette un oeil à l'aubergiste qui baisse aussitôt les yeux, me montrant un cuir chevelu amoindrit par les flammes. Trois hommes jouent aux cartes dans un coin de la salle. Ils sont étrangement silencieux et quand je me tourne vers eux, je découvre l'origine des lambeaux de peau accrochés à mes griffes. La décence voudrait que je sorte avant que l'ambiance ne se réchauffe à nouveau mais je me souviens alors de cette si belle et bonne blonde rencontrée la veille, et je ne peux me résoudre à partir sans l'admirer à nouveau. Je me retourne et m'approche du comptoir, m'apprete à m'adresser à l'aubergiste mais celui ci s'écroule, inconscient, avant même que je n'aie pu dire un mot. Je me penche donc sur le comptoir et me sert par moi-même de cette bière si savoureuse, je la déguste et me décide enfin à partir.
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La rue est bondée et il m'est difficile de me frayer un chemin jusqu'à la place, mais, par la force de mes coudes et de quelques bourrades plus ou moins violentes, je finis par arriver à mon but.
Le temple en face de moi est d'une beauté inégalable et je regrette de n'être qu'un mage errant rien qu'à la vue du bâtiment qui pourrait m'abriter si je le désirait. A peine suis-je rentré dans l'enceinte du temple qu'un serviteur m'accueille et me conduit jusqu'à une chambre où m'attendent un bon bain et un repas chaud.
Je commence par le repas et finit par ma toilette, avec un sens infini des priorités. Une fois rassasié et propre, je sort de ma chambre et me trouve nez à nez avec le Maître. Celui-ci, sans une parole ni un regard, me fait signe de le suivre et me conduit dans un somptueux bureau, fort accueillant et à l'image du Maître : sobre et accueillant.
Sans se retourner, il m'adresse alors son message de bienvenue :
- Nous vous attendions plus tôt, Issa.
- J'en suis désolé, Maître, mais j'ai été ralentit par quelques problèmes qui ont nécessité toute mon attention.
- C'est bien ce que j'avais compris, me répond-il avec une bonne humeur soudaine. Quoiqu'il en soit, je suis content de voir que tu te portes bien et que tu as répondu à mon appel.
- Moi aussi cher frère.
Il se retourne et me serre dans ses bras, heureux de retrouver ma vielle carcasse en si bon état après une si longue absence.
Cependant son regard affiche une tristesse non feinte.
- Malheureusement, nous ne serons plus frère pour bien longtemps. En effet, nos liens de sang seront bientôt brisés par le destin qui t'attend.
Cette révélation me laisse sans voix et je ne lui en demande pas plus. Son regard est clair, nous reparlerons de cela plus tard dans la journée, l'heure est maintenant au repos de l'âme et nous allons recevoir la bénédiction de quelques prêtres venus des temples voisins.
Je me retire, un poids sur le coeur que même un millier de bénédictions ne pourrait alléger.